Les Confrères et les Donats dans l'Ordre
Indépendamment des trois classes de frères dont nous avons parlé au chapitre précédent, deux catégories de personnes, les confrères et les donats, se rattachaient à l'Ordre, bien que n'en faisant pas partie intégrante.
Confrères
Ils étaient agrégés aux prières et aux bénéfices spirituels de la maison à laquelle ils s'étaient affiliés. Ils avaient droit à être enterrés dans les cimetières de* l'Ordre; presque tous les avantages que l'Hôpital tenait du S. Siège au point de vue religieux leur étaient applicables. En échange de cette participation spirituelle, ils garantissaient à l'Ordre une libéralité annuelle (1), s'engageaient à le défendre de tout leur pouvoir contre les empiétements dont il serait menacé, et à l'avertir des dangers que ses biens couraient.Enfin, s'ils voulaient entrer en religion, ils devaient choisir celle de l'Hôpital. Leur admission se faisait avec une certaine solennité; elle était prononcée par les autorités locales. En présence des frères assemblés, ils juraient sur l'évangile d'observer les obligations dont nous venons de parler. Le frère, préposé à leur réception, leur disait alors :
« Par la profession que vous faites à Dieu, à Notre Dame, à saint Jean Baptiste et aux malades, nous vous agréons, vous, l'âme de vos père et mère et de vos parents, à participer au bénéfice des messes, offices et prières qui se font chaque jour, par le monde, dans l'Hôpital, et se feront jusqu'au jour du jugement. Que Notre Seigneur vous en octroie la part à laquelle chacun de nous peut aspirer. »
Ils recevaient ensuite le baiser de paix de tous les frères présents, et étaient inscrits au livre des confrères avec la mention de la libéralité qu'ils avaient promis d'acquitter.
Donats
Le donat, ou donné, devait être de naissance noble; il faisait aux Hospitaliers les mêmes libéralités et recevait d'eux les mêmes avantages que le confrère. Comme celui-ci, il était nommé par le supérieur de la maison à laquelle il entendait s'affilier; mais, en cas d'encombrement dans les prieurés, le grand-maître se réservait la faculté de prononcer seul son admission (2). Il ne pouvait être appelé au siège de l'Ordre que sur convocation de celui-ci (3).A la différence du confrère, il avait l'espoir de devenir frère de l'Hôpital ; quand cette espérance se réalisait, sa promotion était accompagnée, de la part de ses nouveaux compagnons, des démonstrations d'une joie bruyante et ironique. L'usage s'était établi de revêtir le récipiendaire de vêtements burlesques, de lui faire parcourir la ville au son des trompettes et des tambours; on lui ménageait un accueil si enthousiaste et si peu respectueux que le chapitre général dut le réglementer : on défendit au nouveau frère de porter un autre costume que celui de l'Ordre, on interdit l'usage des trompettes et des tambours, on limita au parcours entre les bains et la maison de l'Hôpital la promenade traditionnelle, et on exigea qu'à partir du moment où les prêtres entonneraient le chant des matines, tout rentrât dans le silence (4). La confusion entre les termes de confrère et de donat ne tarda pas à s'établir, et, après l'époque qui nous occupe, cette dernière appellation subsista seule.
Sources : Joseph Delaville Le Roulx. Les Hospitaliers en Terre Sainte et à Chypre (1100-1310). Paris, E. Leroux, 1904. In-8º, XIII-440 pages.
— Vous pouvez voir le livre dans son intégralité à cette adresse : Archives.Org
Les Notes
1. Usances, article 122 (Cartulaire, II, nº 2213).2. Statuts de 1292, article 2, (Cartulaire, III, nº 4194). L'Espagne était exceptée de cette mesure à cause de la guerre permanente contre les Maures qui y régnait.
3. Statuts de 1262, article 13 (Cartulaire, III, nº 3039).
4. Statuts de 1270, article 19 (Cartulaire, III, nº 3396).